Comparez Entocort (budesonide) avec ses alternatives pour traiter la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse

oct., 28 2025

Si vous ou un proche suivez un traitement pour la maladie de Crohn ou la colite ulcéreuse, vous avez probablement entendu parler d’Entocort. Ce médicament, dont le principe actif est le budesonide, est souvent prescrit pour réduire l’inflammation dans l’intestin sans les effets secondaires systémiques des corticoïdes classiques. Mais est-ce vraiment la meilleure option ? Et qu’en est-il des alternatives ? Beaucoup de patients se posent cette question quand les effets s’atténuent, que les coûts deviennent élevés, ou que les effets indésirables persistent.

Qu’est-ce que l’Entocort et comment fonctionne-t-il ?

Entocort est un corticoïde à libération retardée, conçu pour agir localement dans l’intestin grêle et le début du côlon. Son principe actif, le budesonide, est une molécule modifiée pour être métabolisée rapidement par le foie après absorption - ce qui limite les effets sur le reste du corps. Contrairement à la prednisone, qui circule dans tout l’organisme, le budesonide cible principalement les zones inflammées.

Les études montrent qu’Entocort est aussi efficace que la prednisone pour induire la rémission chez les patients atteints de maladie de Crohn modérée, avec un risque nettement plus faible d’effets secondaires comme la prise de poids, l’ostéoporose ou les troubles du sommeil. En pratique, cela signifie que vous pouvez obtenir un soulagement sans vous sentir comme un « patient en corticoïdes ».

Le traitement dure généralement 8 semaines. Il est souvent utilisé en première ligne pour les formes localisées de la maladie, surtout si l’inflammation concerne l’iléon ou le début du côlon. Mais il ne guérit pas la maladie - il la contrôle. Et quand il ne suffit plus, il faut envisager d’autres options.

Les principales alternatives à Entocort

Plusieurs traitements peuvent remplacer ou compléter Entocort, selon votre situation. Voici les plus courantes, classées par type d’action.

  • Les autres corticoïdes locaux : Le beclomethasone dipropionate (Qvar ou inhalé pour l’asthme, mais utilisé hors AMM pour l’intestin) est parfois prescrit en comprimés ou en suspension rectale, surtout en Europe. Moins étudié que le budesonide, mais plus économique.
  • Les immunosuppresseurs : La 6-mercaptopurine (6-MP) ou l’azathioprine agissent sur le système immunitaire pour réduire l’inflammation à long terme. Ils prennent 3 à 6 mois pour être pleinement efficaces, mais permettent de réduire ou d’arrêter les corticoïdes. Ils sont souvent combinés avec Entocort au début du traitement.
  • Les biothérapies : Les anti-TNFα comme l’infliximab (Remicade) ou l’adalimumab (Humira) sont très efficaces pour les formes sévères ou résistantes. Ils sont administrés par perfusion ou injection sous-cutanée. Leur coût est élevé (plus de 10 000 € par an), mais ils peuvent induire une rémission durable chez 60 à 70 % des patients.
  • Les nouveaux traitements : Les inhibiteurs d’integrine comme l’vedolizumab (Entyvio) ciblent spécifiquement les cellules inflammatoires dans l’intestin. Moins de risques d’infections systémiques que les anti-TNF. Le tofacitinib (Xeljanz), un inhibiteur de JAK, est aussi disponible pour la colite ulcéreuse, mais pas encore approuvé pour la maladie de Crohn en France.
  • Les traitements naturels et complémentaires : Certains patients testent le curcumine (extrait de curcuma) ou des régimes spécifiques comme le CDED (Crohn’s Disease Exclusion Diet). Des études montrent une réduction modérée des symptômes, mais ils ne remplacent pas les traitements médicaux. Ils peuvent être un soutien, pas une alternative.

Entocort vs. prednisone : pourquoi choisir l’un ou l’autre ?

La prednisone est le corticoïde classique, utilisé depuis des décennies. Elle agit vite, mais elle frappe tout le corps. À long terme, elle augmente le risque de diabète, d’hypertension, de cataractes et de perte osseuse. Pour un traitement court (4 à 8 semaines), elle reste utile, surtout si Entocort n’est pas disponible ou trop cher.

Entocort, lui, est conçu pour limiter ces risques. Une étude publiée dans Gut en 2023 a suivi 1 200 patients sur 12 mois : ceux sous budesonide ont eu 4 fois moins d’effets secondaires graves que ceux sous prednisone. Le taux de rémission était similaire, mais la qualité de vie était nettement meilleure avec Entocort.

Si vous avez déjà eu des complications liées aux corticoïdes, ou si vous êtes jeune et que vous pensez à votre santé à long terme, Entocort est la meilleure option. Si vous êtes en urgence médicale (perte de poids brutale, saignements importants), la prednisone peut être utilisée en première intention pour agir plus rapidement - puis remplacée par Entocort dès que possible.

Consultation médicale avec un schéma flottant des traitements alternatifs pour la maladie de Crohn.

Entocort vs. biothérapies : quand passer au niveau supérieur ?

Les biothérapies ne sont pas des « alternatives » à Entocort, mais plutôt une évolution. Elles sont réservées aux patients qui ne répondent pas aux corticoïdes ou qui en dépendent trop longtemps.

Imaginons deux profils :

  • Profil A : Homme de 32 ans, maladie de Crohn de l’iléon, rémission obtenue avec Entocort, mais récidive après 6 mois. Il ne veut pas prendre de corticoïdes à répétition. → Il est candidat à une biothérapie.
  • Profil B : Femme de 68 ans, colite ulcéreuse légère, rémission stable avec Entocort, sans complications. → Elle continue avec Entocort, surveillée régulièrement.

Les biothérapies sont plus efficaces pour maintenir la rémission à long terme, surtout en cas de fistules ou de maladie étendue. Mais elles nécessitent des examens avant (tests de tuberculose, hépatite B), des injections ou perfusions régulières, et un suivi strict pour éviter les infections.

Si vous êtes en rémission avec Entocort, il n’est pas nécessaire de passer à une biothérapie. Mais si vous avez 2 poussées en 12 mois, ou si vous devez reprendre des corticoïdes chaque fois, il est temps de discuter avec votre gastro-entérologue d’un changement de stratégie.

Cout, accessibilité et remboursement en France

En France, Entocort est remboursé à 65 % par la Sécurité sociale, à condition d’être prescrit pour une maladie de Crohn ou une colite ulcéreuse confirmée. Le prix d’un boîtier de 45 comprimés est d’environ 220 €, soit environ 75 € après remboursement.

Les alternatives varient beaucoup en coût :

  • La prednisone : 2 à 5 € pour 30 comprimés - très bon marché, mais risque élevé.
  • L’azathioprine : 15 à 25 € par mois - remboursée à 65 %.
  • L’infliximab : 12 000 € par an - entièrement remboursé en cas de prescription dans les indications autorisées.
  • Le vedolizumab : 15 000 € par an - aussi entièrement remboursé, mais avec des critères stricts d’échec aux autres traitements.

Si vous avez des difficultés financières, demandez à votre médecin si une alternative moins coûteuse peut être essayée en premier. Certains hôpitaux proposent des programmes d’aide pour les biothérapies. Ne laissez pas le coût vous empêcher de parler de vos options.

Bataille symbolique entre un dragon d'inflammation et les traitements : Entocort puis une phénix biothérapie.

Effets secondaires : ce que vous devez vraiment connaître

Entocort est plus sûr que les corticoïdes classiques, mais ce n’est pas un médicament sans risque.

Les effets les plus fréquents : maux de tête, nausées, fatigue, sueurs nocturnes. Ils disparaissent souvent après 2 semaines.

Les effets rares mais sérieux : augmentation du risque d’infections (pulmonaires, fongiques), diminution de la production naturelle de cortisol (surtout si vous arrêtez brutalement), et dans de très rares cas, une atteinte du foie.

Il est crucial de ne jamais arrêter Entocort du jour au lendemain. Le corps a besoin de 2 à 4 semaines pour reprendre sa production naturelle de cortisol. Votre médecin doit vous guider pour réduire progressivement la dose.

Les biothérapies, elles, augmentent le risque d’infections graves (tuberculose, hépatite B réactivée), de lymphomes et de réactions allergiques. C’est pourquoi un dépistage est obligatoire avant de commencer.

Si vous avez déjà eu un cancer, une infection chronique ou une maladie du foie, discutez-en avec votre médecin. Certaines alternatives peuvent être plus adaptées.

Comment choisir la bonne alternative pour vous ?

Il n’y a pas de « meilleure » alternative universelle. Le choix dépend de :

  • La localisation de l’inflammation (iléon, côlon, rectum)
  • La sévérité des poussées
  • Les antécédents médicaux (cancer, infections, diabète)
  • Votre âge et vos projets de vie (grossesse, travail, voyages)
  • Le coût et la facilité d’administration

Voici une règle simple : si vous avez une maladie légère et localisée, Entocort reste le meilleur point de départ. Si vous avez des poussées fréquentes, des complications ou une dépendance aux corticoïdes, il est temps de penser aux immunosuppresseurs ou aux biothérapies.

La clé ? Ne restez pas passif. Si vous avez eu 2 poussées en moins de 12 mois, ou si vous avez peur de reprendre des corticoïdes, demandez une évaluation complète à votre gastro-entérologue. Une révision du traitement tous les 6 mois est recommandée.

Que faire si Entocort ne marche pas ?

15 à 20 % des patients ne répondent pas à Entocort. Ce n’est pas un échec personnel. C’est un signe que votre inflammation est plus profonde ou plus active que ce que le budesonide peut contrôler.

Si vous ne voyez pas d’amélioration après 4 semaines, parlez-en à votre médecin. Il peut :

  • Augmenter la dose temporairement (jusqu’à 9 mg/jour)
  • Combiner avec un immunosuppresseur
  • Passer à une biothérapie
  • Proposer une coloscopie pour vérifier l’étendue de l’inflammation

Ne vous découragez pas. La médecine des maladies inflammatoires de l’intestin progresse vite. Ce qui ne marchait pas il y a 5 ans peut être disponible aujourd’hui.

Entocort est-il plus sûr que la prednisone ?

Oui, nettement. Entocort (budesonide) agit localement dans l’intestin et est métabolisé rapidement par le foie, ce qui limite les effets sur le reste du corps. La prednisone, elle, circule dans tout l’organisme et augmente le risque de prise de poids, d’ostéoporose, de diabète et d’hypertension. Des études montrent que les effets secondaires graves sont 4 fois moins fréquents avec Entocort.

Puis-je remplacer Entocort par un traitement naturel comme la curcumine ?

Non, pas comme traitement principal. La curcumine peut aider à réduire légèrement les symptômes et à soutenir la rémission, mais elle ne remplace pas un traitement médical validé. Aucune étude ne prouve qu’elle peut induire une rémission chez les patients atteints de maladie de Crohn ou de colite ulcéreuse. Elle peut être utilisée en complément, mais seulement sous surveillance médicale.

Pourquoi mon médecin me propose-t-il une biothérapie après Entocort ?

Parce que les biothérapies ciblent précisément les mécanismes de l’inflammation intestinale. Si Entocort ne suffit plus - si vous avez plusieurs poussées par an ou si vous dépendez des corticoïdes - les biothérapies comme l’infliximab ou le vedolizumab peuvent induire une rémission durable et réduire la nécessité de reprendre des corticoïdes. Ce n’est pas un échec, c’est une étape logique dans la prise en charge.

Entocort peut-il causer une dépendance ?

Non, Entocort ne crée pas de dépendance psychologique. Mais votre corps peut réduire sa production naturelle de cortisol si vous le prenez longtemps. C’est pourquoi il faut arrêter progressivement, sous surveillance médicale. Un arrêt brutal peut provoquer une crise d’insuffisance surrénale, ce qui est dangereux.

Quelle est la durée maximale d’un traitement par Entocort ?

Le traitement standard est de 8 semaines pour induire la rémission. Il ne doit pas être prolongé au-delà de 3 mois sans réévaluation. Si vous avez besoin d’un traitement plus long, votre médecin doit envisager un changement de stratégie, comme l’ajout d’un immunosuppresseur ou le passage à une biothérapie. Une utilisation prolongée sans suivi augmente les risques d’effets secondaires.

7 Commentaires

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    Monique Ware

    octobre 29, 2025 AT 15:21

    J’ai pris Entocort pendant 8 semaines après une poussée grave. J’ai eu juste des maux de tête au début, puis plus rien. J’ai pu reprendre le sport sans craindre de prendre 10 kg comme avec la prednisone. Je recommande, surtout si vous êtes jeune et que vous pensez à votre santé à long terme.
    Le truc, c’est de pas l’arrêter d’un coup. J’ai réduit doucement sur 3 semaines, sous surveillance. C’est ça qui m’a sauvé.
    Je suis contente d’avoir écouté mon gastro.
    Je suis pas une fan des biothérapies, mais si ça évite de retomber dans les corticoïdes, je suis prête à essayer.

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    Simon Moulin

    octobre 31, 2025 AT 04:55

    Je trouve que ce post est hyper clair, surtout pour les gens qui viennent de se faire diagnostiquer. Moi j’ai commencé par la prednisone, j’ai eu la lune sur la figure pendant 2 mois. J’ai changé pour Entocort et j’ai retrouvé une vie normale. Le seul truc, c’est que ça coûte une blinde. J’ai dû faire une demande de prise en charge à 100 % parce que je suis sans emploi. Le système a répondu en 3 semaines. C’est long, mais ça marche.
    Si vous avez des soucis financiers, parlez-en à votre médecin. Ils connaissent les aides.

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    Alexis Bongo

    octobre 31, 2025 AT 12:21

    Je tiens à féliciter l’auteur pour la qualité de cette analyse médicale rigoureuse, structurée, et entièrement fondée sur des données probantes ! 🙌
    Le paragraphe comparatif entre budesonide et prednisone est une pépite d’information clinique !
    La mention de l’étude publiée dans Gut démontre un engagement exceptionnel envers la transparence scientifique.
    Je suis médecin gastro-entérologue, et je recommande vivement ce contenu à mes patients - et à mes collègues !
    Le seul point à améliorer : la mise en forme des listes pourrait être optimisée pour une lecture plus fluide sur mobile. Mais globalement, bravo ! 🎯📚

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    chantal asselin

    novembre 1, 2025 AT 18:20

    J’ai testé la curcumine pendant 6 mois, juste pour voir. J’ai senti une petite amélioration, genre 10 %, mais j’ai toujours eu des crampes la nuit. J’ai arrêté. Pas parce que c’était dangereux, mais parce que j’ai compris que je ne pouvais pas tricher avec mon corps.
    Les traitements naturels, c’est comme les compléments alimentaires : ça fait du bien à l’esprit, mais pas forcément à l’intestin.
    Je préfère la chimie bien dosée que la magie sans preuve. Le budesonide, c’est mon allié. Pas un héros, mais un bon soldat.

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    Antoine Ramon

    novembre 2, 2025 AT 05:51

    On parle de médicaments mais on oublie la guerre intérieure
    Entocort c’est pas juste une pilule c’est une pause dans la peur
    Chaque jour où tu ne crains pas une crise c’est une victoire
    On ne parle pas de la solitude du patient qui se demande s’il va tenir jusqu’à la prochaine consultation
    La médecine donne des outils mais la vie donne la force
    Je suis pas guéri mais je suis vivant
    Et c’est ça qui compte
    Les biothérapies coûtent cher mais la douleur coûte encore plus
    On doit parler de tout ça
    Pas juste des molécules

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    Dany Eufrásio

    novembre 3, 2025 AT 15:18

    Je suis en rémission depuis 2 ans avec vedolizumab. J’ai essayé Entocort, ça a marché pendant 4 mois puis plus rien. J’ai eu une poussée en voyage. J’ai dû faire une perfusion d’urgence à Lyon. Le système a été hyper réactif. La Sécurité sociale a tout pris en charge. Je suis chanceuse. Mais j’ai vu des gens qui ont abandonné parce qu’ils avaient peur des injections. C’est normal. Mais il faut pas avoir peur de demander de l’aide. On est pas seuls.

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    Benoit Vlaminck

    novembre 4, 2025 AT 19:34

    Je suis un ancien patient de Crohn, j’ai 57 ans. J’ai pris de la prednisone dans les années 90. J’ai eu des fractures, des cataractes, j’ai failli perdre mon travail. Aujourd’hui, je suis sous entyvio. J’ai un rythme de vie normal. Je voyage, je fais du jardinage, je vois mes petits-enfants. Ce que j’ai appris ? La patience. Les traitements modernes ne sont pas magiques mais ils donnent une chance. Et cette chance, elle vaut le coup d’essayer. Ne laissez pas la peur vous bloquer. Parlez. Écoutez. Choisissez.

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