Comment reconnaître une surdose de sédatifs et de médicaments pour dormir

déc., 4 2025

Une surdose de sédatifs peut vous tuer sans que vous ne le sachiez

Vous pensez que prendre un somnifère en plus, juste une fois, ne peut pas faire de mal ? Beaucoup de gens pensent ça. Et c’est exactement ce qui les met en danger. Les médicaments pour dormir - comme le zolpidem (Ambien), l’eszopiclone (Lunesta), ou même les benzodiazépines comme le lorazépam (Ativan) - ne sont pas des bonbons. Quand on en prend trop, ou qu’on les mélange avec de l’alcool ou des opioïdes, le corps s’endort pour de bon. Et cette fois, il ne se réveille pas tout seul.

En 2021, plus de 12 500 personnes sont mortes aux États-Unis à cause d’une surdose impliquant des benzodiazépines. En France, les chiffres sont moins élevés, mais la tendance est claire : les surdoses augmentent, surtout chez les 25-54 ans. Et la plupart du temps, personne ne voit venir le drame. Parce que les premiers signes ressemblent à une simple fatigue. À un mauvais soir. À un ami qui « s’est endormi trop profondément ».

Les signes clés : ce qu’il faut voir avant qu’il soit trop tard

Une surdose de sédatifs ne ressemble pas à un accident de voiture. Elle est silencieuse. Elle progresse lentement. Et elle frappe surtout là où ça compte : la respiration.

  • Un sommeil profond qui ne se réveille pas : Essayez de réveiller la personne en criant fort, en la secouant doucement, en lui frottant le sternum (le milieu de la poitrine). Si elle ne répond pas du tout, c’est un signal d’alerte majeur. Ce n’est pas du sommeil normal. C’est un état de coma.
  • Une respiration lente ou irrégulière : Comptez les mouvements de sa poitrine pendant 30 secondes. Si elle respire moins de 6 fois en une minute (soit moins de 12 par minute), c’est critique. Une respiration normale est entre 12 et 20. Sous 8, le risque de mort est imminent.
  • Des lèvres ou des doigts bleus : C’est du cyanose. Ça veut dire que son corps manque d’oxygène. L’oxygène dans le sang est tombé sous 90 %. C’est une urgence absolue.
  • Un discours confus ou incohérent : Elle parle comme si elle était ivre, mais elle n’a pas bu. Les mots sont brouillés, elle ne comprend pas les questions simples. C’est un signe de dépression du système nerveux central.
  • Des mouvements maladroits, comme un ivrogne : Elle ne peut pas marcher droit, tombe sans raison, ne peut pas tenir un verre. C’est de l’ataxie - une perte de coordination causée par le médicament qui étouffe ses nerfs.

Et attention : certains signes peuvent tromper. Par exemple, la pression artérielle et le pouls peuvent rester normaux - même quand la personne est en train de mourir. Contrairement à une surdose d’opioïdes, les pupilles ne sont pas forcément rétrécies. C’est un piège courant. Ne vous fiez pas à ce que vous croyez savoir. Faites confiance à la respiration. Et à l’absence de réponse.

Les médicaments les plus dangereux - et ceux qui le sont moins

Tous les somnifères ne sont pas égaux. Certains sont plus risqués que d’autres.

  • Les benzodiazépines (Xanax, Valium, Ativan) et les Z-drugs (Ambien, Lunesta) : Ce sont les plus prescrits aujourd’hui. Ils sont moins toxiques que les anciens barbituriques, mais ils restent dangereux, surtout en combinaison. Une surdose isolée peut être survivable - mais pas si on y ajoute de l’alcool ou du fentanyl. Dans 23 % des cas de décès par benzodiazépine, l’opioïde était présent.
  • Les barbituriques (phenobarbital) : Rares aujourd’hui, mais encore utilisés dans certains cas d’épilepsie. Ils dépressent la respiration beaucoup plus vite et à des doses plus basses. Mortalité plus élevée.
  • Les somnifères en vente libre (Tylenol PM, Benadryl) : Ceux qui contiennent de la diphenhydramine. Ils ne causent pas de dépression respiratoire comme les benzodiazépines, mais ils peuvent provoquer des hallucinations, des convulsions, ou une rétention urinaire extrême. À fortes doses, ils sont aussi dangereux - juste d’une autre manière.
  • Le mélatonine : Même à des doses énormes (jusqu’à 240 mg !), elle ne cause presque jamais d’arrêt respiratoire. Les symptômes sont limités : maux de tête, étourdissements, nausées. Ce n’est pas un sédatif puissant. Ce n’est pas une menace de mort.

Donc si quelqu’un a pris un médicament en vente libre, ça ne veut pas dire qu’il est hors de danger. Mais si c’est un somnifère d’ordonnance, surtout s’il est mélangé à de l’alcool, vous avez une urgence médicale réelle.

Deux mains tenant un verre de vin et une pilule, une ombre sombre s'étend autour d'elles, symbole de danger flottant en arrière-plan.

La combinaison mortelle : alcool + sédatifs + opioïdes

Le plus grand risque, ce n’est pas de prendre un seul médicament en trop. C’est de le mélanger.

L’alcool est un dépressif du système nerveux. Tout comme les benzodiazépines. Quand vous les combinez, ce n’est pas une somme. C’est une multiplication. Deux fois plus de dépression. Trois fois plus de risque d’arrêt respiratoire.

Et si vous ajoutez un opioïde - comme l’oxycodone, le tramadol, ou pire, le fentanyl - vous créez une bombe. Le fentanyl est 50 à 100 fois plus puissant que la morphine. Et il est souvent présent dans des pilules vendues comme des Xanax ou des Percocet. La plupart des gens ne le savent pas. Ils prennent une pilule pour dormir, et ils se retrouvent avec un dépressif deux fois plus fort que prévu.

Les données du CDC montrent que 23 % des décès liés aux benzodiazépines en 2021 impliquaient aussi du fentanyl. C’est une tragédie cachée. Et elle est en train de gagner du terrain en Europe aussi.

Que faire en cas de suspicion de surdose ?

Ne perdez pas de temps. Ne cherchez pas sur Google. Ne demandez pas à un ami ce qu’il faut faire. Agissez.

  1. Évaluez la réponse : Criez, secouez, frottez le sternum. Si elle ne réagit pas, passez à l’étape suivante.
  2. Comptez la respiration : Pendant 30 secondes, observez sa poitrine. Moins de 6 respirations ? C’est une urgence.
  3. Regardez les lèvres et les doigts : Bleus ? Allez directement à l’étape 4.
  4. Appelez les secours immédiatement : En France, composez le 15 (SAMU) ou le 112. Dites clairement : « Je pense qu’il y a une surdose de sédatifs. La personne est inconsciente et respire très peu. »
  5. Ne lui donnez rien à boire, ni à manger : Elle pourrait s’étouffer.
  6. Ne lui administrez pas de flumazenil : C’est un antidote, mais il peut provoquer des convulsions chez les personnes dépendantes. Seuls les médecins peuvent l’utiliser en hôpital.
  7. Si elle ne respire plus : commencez la respiration artificielle : 1 souffle toutes les 5 secondes. Continuez jusqu’à l’arrivée des secours. C’est ce qui sauve des vies.

Une étude de 2022 a montré que chaque minute de retard réduit les chances de survie de 7 à 10 %. Ce n’est pas une exagération. C’est la réalité.

Des secouristes pratiquent une respiration artificielle dans une maison, une famille regarde avec angoisse, des flacons de médicaments au sol.

Les erreurs courantes - et pourquoi elles tuent

Les gens font des erreurs. Parce qu’ils ne savent pas. Ou parce qu’ils veulent éviter le conflit.

  • « Elle est juste très fatiguée » : 68 % des témoins d’une surdose pensent d’abord que la personne « dort trop ». C’est la première erreur. Et elle coûte des vies.
  • « Il a juste bu un peu » : Beaucoup confondent les signes de surdose avec l’ivresse. Mais la respiration lente, la cyanose, l’inconscience - ce n’est pas de l’alcool. C’est une overdose.
  • « Je vais l’attendre jusqu’au matin » : C’est ce que disent les proches. Et c’est souvent la dernière chose qu’ils disent. La surdose peut évoluer en 20 minutes. Elle ne s’arrête pas d’elle-même.
  • « Je n’appelle pas les secours, il va être en difficulté » : La peur du jugement fait plus de morts que les médicaments eux-mêmes. Les secours ne punissent pas. Ils sauvent.

En 2022, le système national de données sur les intoxications a recensé 46 821 cas d’exposition aux sédatifs aux États-Unis. Plus de la moitié ont eu lieu à la maison. Par des proches. Avec des chances de survie si on agissait à temps.

Comment prévenir une surdose avant qu’elle ne se produise

La prévention commence par la connaissance.

  • Ne mélangez jamais les sédatifs avec de l’alcool : C’est la règle n°1. Même une bière. Même un verre de vin.
  • Ne prenez jamais plus que la dose prescrite : Si vous ne dormez pas, ne prenez pas une pilule en plus. Parlez à votre médecin.
  • Rangez les médicaments hors de portée : Surtout si vous avez des adolescents ou des personnes âgées chez vous. Les erreurs arrivent vite.
  • Conservez les emballages : Si une surdose arrive, les secours ont besoin de savoir exactement ce qui a été pris. Les boîtes vides peuvent sauver une vie.
  • Apprenez à reconnaître les signes : Montrez cette liste à vos proches. Partagez-la. Une personne qui sait peut sauver une autre.

En Californie, 250 000 cartes de reconnaissance de surdose ont été distribuées dans les pharmacies. Résultat ? Une amélioration de 22 % des réactions des témoins. Ce n’est pas magique. C’est simple. Et ça marche.

Vous n’êtes pas seul

Si vous ou quelqu’un que vous aimez utilisez des sédatifs depuis longtemps, vous n’êtes pas seul. 9,5 millions d’Américains ont abusé de ces médicaments en 2021. En France, les prescriptions augmentent, les dépendances aussi. Ce n’est pas une faiblesse. C’est une maladie. Et elle peut être traitée.

Si vous avez peur d’arrêter, parlez à un médecin. Il existe des thérapies comportementales, des programmes de sevrage, des groupes de soutien. Il n’y a pas de honte à demander de l’aide. La honte, c’est de laisser quelqu’un mourir parce qu’on a eu peur d’appeler les secours.

Quels sont les premiers signes d’une surdose de somnifère ?

Les premiers signes sont une somnolence extrême, une incapacité à se réveiller même en étant secoué, un discours confus ou slurré, et une respiration lente (moins de 12 respirations par minute). La peau peut devenir froide et humide. Ces signes apparaissent souvent progressivement, ce qui les rend faciles à confondre avec un sommeil profond.

Une surdose de mélatonine est-elle dangereuse ?

Non, une surdose de mélatonine n’est généralement pas mortelle. Même à des doses très élevées (jusqu’à 240 mg), les symptômes se limitent à des maux de tête, des étourdissements ou des nausées. Contrairement aux benzodiazépines ou aux Z-drugs, la mélatonine ne déprime pas la respiration. Ce n’est pas un sédatif puissant.

Que faire si la personne ne respire plus ?

Commencez immédiatement la respiration artificielle : une inspiration toutes les 5 secondes (12 par minute). Continuez jusqu’à l’arrivée des secours. Ne perdez pas de temps à chercher un antidote ou à appeler quelqu’un d’autre. La respiration artificielle maintient l’oxygène dans le cerveau. C’est ce qui donne le temps d’arriver à l’hôpital.

Le flumazenil peut-il être utilisé à la maison ?

Non. Le flumazenil est un antidote aux benzodiazépines, mais il est dangereux sans surveillance médicale. Il peut provoquer des convulsions, surtout chez les personnes dépendantes. Il ne doit être administré que par un professionnel dans un hôpital. À la maison, il ne sert à rien et peut tuer.

Les surdoses de sédatifs augmentent-elles vraiment ?

Oui. Aux États-Unis, les décès liés aux benzodiazépines ont augmenté de 218 % entre 2010 et 2021. En Europe, les tendances sont similaires, avec une hausse des prescriptions et une augmentation des mélanges avec l’alcool ou les opioïdes. La plupart des cas concernent des adultes de 25 à 54 ans, souvent dans un contexte de stress ou d’anxiété non traitée.

3 Commentaires

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    Sophie Burkhardt

    décembre 5, 2025 AT 09:16

    Je viens de relire ça en pleine nuit, les mains qui tremblent. J’ai un cousin qui a pris un Zolpidem + un verre de vin il y a deux ans. On l’a trouvé comme ça, immobile, les lèvres bleues… On a fait la respiration artificielle 17 minutes avant que les secours arrivent. Il s’en est sorti. Mais je te jure, ce texte, c’est comme un cri dans le vide. Partagez-le. Sérieusement.

    Je suis infirmière. Et je vois ça tous les mois. Ce n’est pas de la parano. C’est de la réalité.

    La mélatonine ? Oui, elle est sûre. Mais les gens croient qu’elle est un « remède doux » et en prennent 5 comprimés. Et puis ils se réveillent avec des cauchemars de 3h du matin. Ce n’est pas un médicament anodin. Juste pas mortel. C’est déjà un progrès.

    On parle trop de « dépendance » comme si c’était une faiblesse morale. Non. C’est une maladie neurologique. Comme le diabète. On ne juge pas un diabétique qui prend son insuline. Alors pourquoi ces gens-là ?

    Je dis ça parce que j’ai perdu une amie. Pas de overdose. Juste de solitude. Et d’oubli. Personne ne savait qu’elle prenait du lorazépam depuis 8 ans. Personne ne savait qu’elle avait peur de s’endormir. Et personne ne l’a vue tomber.

    Partagez ce texte. À votre mère. À votre frère. À votre collègue qui dit « j’ai besoin d’un somnifère pour tenir ». Ne laissez pas quelqu’un mourir parce qu’on a eu peur de dire « ça va pas ».

    Je vous aime. Et je vous remercie d’avoir écrit ça.

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    Nicole Perry

    décembre 7, 2025 AT 01:06

    bonjour les gens j’ai lu ce truc en 5 min et j’ai pleuré. j’me suis souvenu de ma tante qui s’est éteinte comme ça en 2018. on pensait qu’elle dormait. elle avait pris 3 pilules + du vin blanc. la boîte était vide. elle avait 52 ans. personne a osé appeler les secours parce que « c’était pas grave ». bah si. c’était grave. trop grave.

    le flumazenil ? j’ai lu ça et j’ai cru que c’était un truc de série médicale. non. c’est un poison si t’es pas dans un hôpital. les gens croient qu’ils peuvent le trouver sur internet. non. non. non.

    la mélatonine c’est de la merde mais pas dangereuse. genre comme un bonbon qui fait dormir. mais les gars qui en prennent 20 comprimés pour « bien dormir »… vous êtes pas des sorciers. vous êtes des humains. arrêtez.

    je suis pas médecin. je suis juste quelqu’un qui a vu trop de morts silencieuses.

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    Juliette Chiapello

    décembre 8, 2025 AT 13:46

    Excellent article 🙌
    La dépression respiratoire est un phénomène sous-diagnostiqué dans les contextes domestiques 🚨
    Les données du CDC sont alarmantes - et la corrélation avec les opioïdes est un indicateur majeur de l’effondrement des systèmes de santé mentale 📉
    La respiration artificielle reste la première ligne de défense - et elle est sous-utilisée à 92% selon les études de 2023 🤝
    Il est temps de former les citoyens à la reconnaissance des signes vitaux. Pas juste les infirmiers. Tout le monde.
    La mélatonine : un substitut sûr, mais pas une solution à long terme. La CBT-I (Thérapie Cognitivo-Comportementale pour l’Insomnie) est l’avenir 🌿
    Et oui, l’alcool + benzodiazépine = double dépressif. Pas une combinaison. Une bombe à retardement.
    Je suis médecin en addictologie. Merci pour ce rappel essentiel. Partagez. Partagez. Partagez.

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