Colesevelam : Gérer la constipation et les ballonnements liés aux effets secondaires gastro-intestinaux
déc., 26 2025
Que fait le colesevelam et pourquoi il cause des problèmes intestinaux ?
Le colesevelam, vendu sous les marques Welchol aux États-Unis et Cholestagel en Europe, est un médicament utilisé pour réduire le cholestérol et aider à contrôler le diabète de type 2. Il ne se absorbe pas dans le sang. Au lieu de cela, il agit comme une éponge dans les intestins, en capturant les acides biliaires pour les éliminer avec les selles. C’est ce mécanisme qui fait son efficacité - mais aussi sa contrepartie désagréable : la constipation et les ballonnements.
Contrairement aux anciens médicaments de la même famille comme la cholestyramine, le colesevelam a été conçu pour être plus doux sur l’intestin. Il forme une substance gélatineuse plutôt qu’un poudre abrasive. Pourtant, même avec cette amélioration, plus de 10 % des patients développent une constipation, et environ 11 % souffrent de ballonnements et de gaz. C’est un paradoxe clinique : le même médicament qui guérit la diarrhée liée à une mauvaise absorption des acides biliaires peut provoquer la constipation chez ceux qui n’ont pas ce problème.
La constipation, un effet secondaire courant mais pas inévitable
Les études cliniques montrent que 10 à 15 % des personnes prenant du colesevelam développent une constipation modérée à sévère. Ce chiffre peut sembler faible, mais pour quelqu’un qui n’a jamais eu de problème intestinal, cela peut être un choc. Certains patients décrivent des selles dures, des difficultés à aller à la selle, ou même une absence totale de mouvement intestinal pendant plus de trois jours.
Le risque augmente fortement si vous avez déjà eu des antécédents de constipation chronique, de transit lent, ou de troubles du motilité intestinale. Les directives de la Mayo Clinic et de l’EMA le précisent clairement : le colesevelam est contre-indiqué chez les personnes ayant une obstruction intestinale ou un trouble du transit. Un patient de 62 ans, ayant déjà eu des épisodes de constipation sévère, a dû se rendre aux urgences après cinq jours de traitement - il avait une impaction fécale. Son gastro-entérologue n’avait pas posé les bonnes questions sur son historique.
Heureusement, ce n’est pas une fatalité. Près de 30 % des patients qui déclarent une constipation au début peuvent continuer le traitement en ajustant leur dose et en ajoutant des fibres. La clé est la prévention, pas la réaction.
Comment réduire les ballonnements et les gaz ?
Les ballonnements et les gaz sont souvent les premiers signes que votre intestin n’apprécie pas le colesevelam. Ce n’est pas une réaction allergique - c’est une conséquence mécanique. En capturant les acides biliaires, le médicament modifie la flore intestinale et augmente la fermentation des fibres, ce qui produit plus de gaz.
Pour limiter cela :
- Prenez le colesevelam avec vos repas principaux. Cela réduit l’irritation et permet une meilleure répartition de l’action dans l’intestin.
- Évitez les aliments très fermentescibles au début du traitement : chou, lentilles, oignons, boissons gazeuses.
- Privilégiez les repas plus petits et plus fréquents pour éviter la surcharge digestive.
Si les gaz persistent, des solutions comme le charbon végétal ou la siméthicone peuvent aider. Mais attention : ces traitements ne doivent pas être pris au même moment que le colesevelam, car il peut les absorber et les rendre inefficaces. Espacer les prises de 4 heures est essentiel.
La méthode progressive : une stratégie éprouvée
Le plus grand piège ? Commencer à la dose complète. Beaucoup de médecins prescrivent 3,75 g par jour dès le départ. Mais les données montrent qu’un démarrage progressif réduit de moitié le risque de constipation.
Le protocole recommandé par le Royal Marsden Hospital (et adopté par de nombreux cliniciens en Europe) est simple :
- Semaine 1 : 1,25 g par jour (2 comprimés), au repas du midi.
- Semaine 2 : 2,5 g par jour (4 comprimés), répartis en deux prises.
- Semaine 3 et après : 3,75 g par jour (6 comprimés), si toléré.
Ce ralentissement permet à l’intestin de s’adapter. Les patients qui suivent cette approche rapportent beaucoup moins de problèmes. C’est un ajustement simple, mais qui change tout.
Fibres, eau et laxatifs : comment gérer la constipation
Quand la constipation arrive, ne paniquez pas - mais agissez vite. Le premier réflexe doit être l’augmentation des fibres solubles. Elles absorbent l’eau, ramollissent les selles, et ne sont pas absorbées par le colesevelam.
Les meilleures options :
- Psyllium (ispaghul) : 17 g par jour, divisés en deux prises, avec beaucoup d’eau. Un patient atteint de syndrome de malabsorption biliaire après radiothérapie a réussi à stabiliser son transit avec cette dose.
- Flaxseed (lin) moulu : 1 à 2 cuillères à soupe par jour.
- Fruits : pruneaux, poires, pommes avec peau.
La quantité d’eau est cruciale. Sans assez d’eau, les fibres peuvent aggraver la constipation. Boire au moins 1,5 à 2 litres par jour est non négociable.
Si les fibres ne suffisent pas, les laxatifs doux sont une option. Le docusate sodium (Colace) est un ramollisseur de selles. Le polyéthylène glycol (MiraLAX) est aussi efficace et sûr à long terme. Évitez les laxatifs stimulants (séné, rhubarbe) : ils peuvent déséquilibrer les électrolytes, surtout chez les diabétiques.
Qui ne doit PAS prendre le colesevelam ?
Le colesevelam n’est pas un médicament pour tout le monde. Il est formellement contre-indiqué chez :
- Les personnes ayant un blocage intestinal ou une obstruction chronique.
- Celles avec un transit intestinal très lent (constipation chronique).
- Les patients ayant eu des épisodes récents d’impaction fécale.
- Ceux qui prennent des médicaments essentiels comme la levothyroxine, les statines ou les antidiabétiques oraux, et qui ne peuvent pas respecter l’intervalle de 4 heures.
Si vous avez un historique de constipation, même légère, parlez-en à votre médecin avant de commencer. Un simple test de transit (comme la mesure du score Bristol) peut aider à prédire le risque. Des études récentes montrent que les patients avec un score Bristol ≤3 (selles dures et en morceaux) ont 3,2 fois plus de risque de développer une constipation sévère.
Le futur : des formulations mieux tolérées
Sanofi, le fabricant du colesevelam, travaille déjà sur une nouvelle version à libération modifiée. L’idée ? Réduire la concentration du médicament dans la partie supérieure de l’intestin, là où la constipation débute. Les premiers essais sont prévus pour début 2025.
Parallèlement, les tests de biomarqueurs comme le C4 sérique (qui mesure la production d’acides biliaires) permettent désormais de prédire qui va bien tolérer le traitement. Les patients avec un niveau de C4 >30 ng/mL ont seulement 8 % de risque de constipation, contre 40 % pour ceux avec un niveau bas. Cela ouvre la voie à une médecine personnalisée : on ne prescrit plus le colesevelam à tout le monde, mais seulement à ceux qui en ont le plus besoin et qui sont les plus susceptibles de le tolérer.
Les patients parlent : ce que disent les témoignages réels
Sur les forums de patients, les retours sont contrastés. Dans la communauté r/IBS de Reddit, un utilisateur écrit : « J’ai arrêté mes 12 selles quotidiennes en 3 jours. Mais après deux semaines, j’ai dû ajouter 17 g de psyllium pour ne pas être bloqué. »
Un autre, sur WebMD, raconte : « J’ai eu une impaction. J’ai dû aller aux urgences. Mon médecin ne m’a pas demandé si j’avais déjà eu des problèmes de transit. »
Les patients atteints de syndrome de malabsorption biliaire après un cancer ou une chirurgie sont souvent les plus reconnaissants. « J’ai essayé la cholestyramine pendant 6 mois - je n’ai rien eu. Avec le colesevelam, ça a fonctionné du premier jour. »
La différence ? Le contexte. Le colesevelam est un outil puissant - mais il faut le bien utiliser.
Que faire si les effets secondaires persistent ?
Si après 4 semaines, vous avez toujours de la constipation ou des ballonnements intenses :
- Revenez voir votre médecin. Il peut réduire la dose ou vous proposer un autre traitement.
- Évaluez votre apport en fibres et en eau. Souvent, c’est là que le problème est.
- Évitez les compléments de calcium ou de fer pendant le traitement - ils peuvent aggraver la constipation.
- Si vous avez du diabète, surveillez votre glycémie. Le colesevelam peut légèrement réduire l’absorption des sucres, ce qui peut améliorer la glycémie - mais aussi augmenter le risque d’hypoglycémie si vous prenez d’autres médicaments.
Il n’y a pas de solution unique. Ce qui fonctionne pour un patient ne marche pas forcément pour un autre. La clé est la communication avec votre équipe soignante, et une approche progressive, personnalisée.